Suite aux conséquences de la pandémie de coronavirus sur l’économie mondiale, particulièrement africaine et la non-optimisation de l’économie verte dans le PIB de nos États, UNITAR dans le cadre du programme PAGE a procédé au lancement du cours en français sur la modélisation de l’économie verte inclusive (EVI) lors du webinaire tenu à cet effet le 1er juin dernier avec pour participants des universitaires et des professionnels.

À l’ouverture de la visioconférence, madame Imelda DOSSOU ETUI, coordonnatrice de l’UN CC Learn et PAGE Sénégal, Burkina Faso et Maroc a rappelé que l’objectif de ce webinaire porte sur le lancement du cours sur la modélisation de l’économie verte inclusive (EVI), développé dans le cadre du Partenariat mondial sur l’action en faveur de l’Économie verte (PAGE), réunissant l’expertise de 5 agences onusiennes à savoir le Bureau International du Travail (BIT), l’Organisation des Nations unies pour le Développement Industriel (ONUDI), le Programme des Nations pour le Développement (PNUD), le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Institut des Nations unies pour la formation et la Recherche (UNITAR).

« Actuellement, PAGE appuie 20 pays sur tous les continents y compris l’Afrique. Et, depuis une décennie PAGE ne cesse d’accompagner dans la recherche des données sur les questions d’économie verte les pays que ce soit au Sénégal, au Burkina Faso, en Afrique du Sud et dans les pays de l’Amérique latine tels que l’Uruguay, le Pérou, aussi l’Île Maurice. L’un des principaux atouts de PAGE réside du fait de renforcer les capacités des institutions des pays partenaires et de former la nouvelle génération d’économistes, des modélisateurs de ces pays sur le sujet de l’économie verte. Ces supports sont rendus possibles grâce aux supports de nos donateurs tels que l’Union européenne, la Finlande, la Norvège, la Suède, l’Allemagne, la Corée du Sud et la Suisse », a expliqué Docteur Ronald GAINZA, économiste, membre du secrétariat PAGE.

Le cours sur la modélisation de l’économie verte inclusive, dispensé sur un semestre est une boîte à outils diversifiés. « Nous allons commencer avec les besoins du nouveau modèle économique, puis déterminer le bienfait de l’utilisation des modèles de simulations. Et après, dans chaque partie du cours, nous avons des points de réflexion pour permettre aux étudiants d’échanger entre eux suivis des exercices de groupe. Le semestre est organisé ainsi. Toutefois, on peut changer pour mieux adapter la structure du cours aux besoins de la cible » a résumé le professeur Andréa BASSI. Initialement développé en anglais puis en espagnol, ce cours va permettre aux institutions et aux universitaires intéressés à transmettre des connaissances sur la modélisation. Et, bientôt, il sera disponible en français d’où son lancement de présentation afin de le présenter ; mais aussi de discuter de sa valeur ajoutée dans la région ouest-africaine notamment pour les pays francophones. De plus, l’opportunité est donnée de recueillir les avis et les impressions sur les possibilités et les opportunités d’offrir ce cours dans d’autres établissements d’enseignement supérieur. Pour agrémenter ces échanges, UNITAR a sollicité messieurs Ronald GAINZA, Docteur en Économie, membre du secrétariat de PAGE, Andréa BASSI, Professeur d’Université à Stolenbuch et fondateur et président directeur général de KnowEdge Srl, titulaire d’un doctorat en dynamique des systèmes et d’un diplôme d’étude supérieure en modélisation de l’environnement, initiateur et présentateur du cours, Docteur Oblé NEYA, chercheur au centre de compétences de Wascal Burkina Faso, coordinateur régional lié à la thématique sur la couverture et dégradation des terres et Farid YAKER du PNUE.

Pour une meilleure appropriation de la notion de l’économie verte une enquête menée par l’UNITAR et PNUE en 2019 a fourni des indicateurs sur les différents pays concernant leurs besoins sur cette question. De plus, une autre demande a porté sur la relance économique fortement impactée par les différentes mesures développées par les pays afin de lutter contre la pandémie du coronavirus. « On s’est rendu compte qu’une bonne partie de ces ressources allouées pour lutter contre la pandémie ne prend pas en compte la dimension d’économie verte ou essaye de reconstruire l’économie en se basant sur les schémas antérieurs » a développé monsieur Roland GAINZA. « Certes, il est bien vrai que la pandémie constitue un grand défi, mais c’est aussi une opportunité de repenser comment construire l’économie. C’est pourquoi l’outil d’aide, qui va vous être présenté va permettre de guider les différents gouvernements pour mettre en place les plans de relance économique, qui prendront en compte l’impact social et environnemental des différentes mesures économiques qui seront mises en place » a-t-il poursuivi.

En quoi consiste le cours sur la modélisation de l’EVI ?

Pour point de départ, « nous sommes focalisés sur les outils que l’on utilise pour la modélisation de l’EVI. Dans ce cas par rapport au matériel que nous disposons pendant les cours, nous avons besoin d’évaluer quels sont les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de développements durables sachant bien que l’économie verte nous donne une approche systématique par rapport au processus et systémique par rapport aux outils de modélisation. Donc, ces méthodologies de la modélisation de l’économie verte permettent d’analyser beaucoup de stratégies de problèmes de développement dans nombreux pays » a détaillé le Professeur Andréa BASSI.

Pour répondre aux objectifs d’apprentissage spécifique, le cours sur la modélisation de l’EVI utilise les techniques déjà connues et intégrées dans les différentes méthodologies et outils en s’appuyant sur les connaissances acquises par les universités. Mais on y ajoute aussi les compétences additionnelles, qui donnent une approche systémique d’analyse des politiques et leurs impacts. « Nous avons développé ce cours en prenant en compte qu’il faille avoir un background pour mieux implémenter les outils. C’est pourquoi nous souhaitions placer ce cours dans les programmes de Master. Toutefois, il est possible de changer d’approche par rapport au type de cours que l’université souhaite offrir. Nous avons identifié des prérequis sur le plan technique et sur le plan analyse des politiques […]Aussi, analyserons-nous les résultats de ces modèles pour mieux interpréter quels sont les impacts pour les acteurs issus des économies différentes à savoir le secteur privé et public » a tenu à expliquer monsieur BASSI.

D’une part, le plan technique ne dispose pas d’un modèle spécifique. Le seul modèle utilisé pour les cours consiste à considérer les différents types de méthodes en partant des micros et de macro-économies ou des cours de modélisations, qui s’appuient sur la modélisation économique par rapport à l’optimisation de l’économétrie ou de la biophysique. Car l’économie verte prend en compte deux facteurs à savoir l’aspect physique et l’aspect économique.

Sur le plan des connaissances sur les politiques d’autre part, on parle des politiques sociales et environnementales. En effet dans le cas d’espèce, on va utiliser l’approche systémique, qui est très importante pour l’analyse des impacts politiques sur le développement durable.

Les conclusions de ces travaux donneront d’abord la capacité de mieux définir le concept de l’économie verte inclusive au niveau national, et aussi au niveau sectoriel. Il s’en suivra l’identification des indicateurs clé pour l’analyse de l’économie verte inclusive socioéconomique et environnementale. Ensuite, l’étude des différentes approches de modélisations permet d’analyser de façon quantitative les indicateurs nécessaires. Enfin, les modèles utilisés montreront les améliorations à faire sur les modèles existants pour formuler des scenarii et leurs simulations afin de mieux interpréter les résultats.

Pour atteindre les objectifs du cours sur la modélisation de l’EVI, la méthodologie d’apprentissage comprend 20 heures de conférences et de présentations avec les professeurs et les autres étudiants, des exercices de groupes durant 10 heures et les périodes d’études individuelles sur 16 heures. À cet effet, la structure de cours comporte différents piliers.

  • Le premier pilier est constitué des différentes trajectoires vers les EVI, qui font un état de lieu des problèmes et des stratégies afin de trouver des solutions de durabilité au niveau national et sectoriel.
  • Le deuxième pilier identifie des indicateurs pour la modélisation. Ce travail permet de détecter les différents indicateurs clé et leurs utilisations de manière pertinente pour analyse dans un problème.
  • Le troisième pilier intitulé approche et modélisation analysera par rapport aux indicateurs nécessaires afin de déterminer quel modèle peut donner les indicateurs nécessaires. Et il sera question de réfléchir l’ajout des indicateurs biophysiques sur les bons modèles dépourvus d’indicateurs.
  • Le quatrième pilier axé sur les exercices de modélisation permet de faire des modifications dans des modèles suivies des simulations des scenarii afin d’analyser des résultats.

Ce cours peut-il répondre aux défis de l’économie verte en Afrique ?

Lors des échanges d’expériences, le Docteur Oblé NEYA, chercheur au centre de compétences de Wascal Burkina Faso, a partagé qu’il avait déjà commencé à parcourir la version anglaise du cours dans le cadre du cours qu’il dispense sur les services écosystémiques et l’économie verte. Il en est de même pour Docteur Charly GATETE, qui a utilisé la version anglaise cette année en Master en adaptant au contexte du Burkina Faso en vue de répondre à la préoccupation des étudiants de modéliser et de planifier les politiques publiques. « À mon avis, le cours sur l’EVI est important dans le sens qu’il apporte une plus-value dans la manière où personnellement, je dispensais le cours sur l’économie verte. Car on partait plus sur les aspects biophysiques en passant par les aspects écosystèmes afin d’établir le lien avec l’économie verte via différentes méthodes d’évaluation de la valeur économique de ces services écosystémiques. Et, justement avec cette approche, je peux dire que nous avions une approche incomplète en ce sens qu’après-avoir parlé d’évaluation économique, on s’attardait beaucoup plus sur les secteurs porteurs de la promotion de l’économie verte en Afrique de l’Ouest. Je pense que la vision ou la perception restait encore beaucoup plus sectoriel et manquait justement cet aspect inclusif et transversal de la conception de l’économie verte » a-t-il témoigné.

Selon Docteur NEYA, « ce cours sur l’EVI va aider à aller au-delà de cette approche sectorielle avec l’aspect intégriste, qui boostera les programmes et projets structurants prenant en compte plusieurs secteurs pour promouvoir l’économie verte dans nos différents pays ». L’autre aspect important soulevé dans ce cours demeure la question d’indicateurs. En effet, lorsqu’on les prend de façon sectorielle, on peut avoir des indicateurs biophysiques et économiques. Le défi reste à intégrer à la fois les indicateurs biophysiques et économiques, qui sont interdépendants. D’où cette approche de modélisation de l’EVI offre la possibilité de mieux peaufiner ces indicateurs pour une utilisation optimale pour mieux apprécier les performances des économies africaines. L’autre élément important de ce cours est la modélisation, qui est un outil important dans la planification. Donc inclure la modélisation est un plus aussi bien pour les étudiants que pour les planificateurs en charge du développement. « Ce cours encouragera et rassurera le secteur privé à investir dans l’économie verte. Car avec les études et les modèles, ces acteurs entreverront les bénéfices s’ils s’engagèrent. Et ceci est valable aussi bien pour les États en termes de politique et leur application réelle » étaye Docteur Oblé NEYA.

S’agissant de l’approche utilisée par PAGE pour une meilleure diffusion de ce cours, madame Elena MENDOZA, consultante en Économie verte pour UNITAR rappelle que le cours est déjà utilisé à l’université au Pérou. Aujourd’hui, il est question d’aider les universités à s’adapter et l’intégrer dans le cursus selon les secteurs prioritaires pour les universités et les pays. Pour madame DOSSOU ETUI, coordonnatrice des projets UN CC : Learn et PAGE à UNITAR, « tout dépendra du nombre des demandes reçues pour suivre ce cours. Et, dans le cadre de PAGE pour le Sénégal et le Burkina Faso, nous avons des activités où nous allons organiser les partages d’expériences entre les différents pays de la région sous autorisation des parties nationales. Toutefois, nous pourrions intégrer certains aspects jugés utiles de ce cours et voir comment les combiner avec les cours existants notamment le cours dispensé par le Docteur NEYA » a-t-elle suggéré. Pour toucher davantage d’universités francophones et les pays hors projet PAGE, Farid YAKER du PNUE a suggéré de travailler en partenariat avec l’Agence universitaire francophone et la francophonie basée au Québec.

En outre, la question de l’utilité du cours lié aux préoccupations de la vulgarisation agricole pour le développement du monde rural a été posée. À titre d’éclaircissement, le professeur Andréa BASSI démontre la synergie entre l’EVI et l’agriculture en rappelant que cette collaboration est la plus importante à la productivité du sol, l’emploi, les émissions, les problèmes techniques, la déforestation par exemple. C’est pourquoi l’agriculture est vraiment au centre de l’analyse de l’EVI surtout dans les pays en développement et en Afrique aussi.

Ouvrant les attentes pressantes et actuelles des pays africains, monsieur Albert Antoine Compaoré, point focal PAGE Burkina Faso, s’est interrogé sur la période de formation des étudiants africains et leur utilisation pour aider à modéliser tout ce que « nous faisons comme stratégies et comme action de transformation de l’économie verte ». À cette préoccupation, monsieur Roland GAINZA du secrétariat de PAGE a tenu à rassurer que : « Pour former les différents économistes et modélisateurs, c’est un investissement qui prendra du temps pour voir les résultats, il faudra être patient ».

C’est en ce sens que monsieur YAKER du PNUE a montré l’urgence de «comprendre le fonctionnement de nos économies en vue d’élaborer et de définir des politiques, qui doivent être les plus efficaces possibles. C’est pour cela que nous avons besoin de cet outil. On a besoin de comprendre, mais de comprendre rapidement donc nous devons bien faire les choses, mais les faire le plus rapidement possible. Il faut penser à élargir au plus grand nombre outre que les étudiants, toucher les décideurs». En rassurant, que l’agence se mobilise pour que la traduction du cours en français soit disponible le plus rapidement possible.